par Imaginez un peu la scène : vous surfez tranquillement sur Paru Vendu à la recherche de votre futur chez-vous, quand soudain vous tombez sur LA perle rare. Un sublime hôtel particulier de 1500m² en plein cœur de Bordeaux, avec 15 chambres et trois salons, pour la modique somme de 9,7 millions d’euros. L’affaire du siècle ? Pas vraiment, puisqu’il s’agit en réalité… de la Cour administrative d’appel de Bordeaux !
Comme nous l’expliquons régulièrement sur BuzzDuSiecle.com, la réalité dépasse souvent la fiction. Cette fois-ci, c’est l’association Mémoires & partages qui a décidé de nous régaler avec ce canular immobilier des plus savoureux.
Une mise en vente qui ne manque pas de sel
L’histoire est d’autant plus croustillante que ce magnifique bâtiment du XVIIIe siècle, où siège aujourd’hui la justice administrative, a un passé pour le moins controversé. Construit entre 1775 et 1777 par la famille Nairac, il représente un véritable symbole de la traite négrière bordelaise. Pour vous donner une idée, les Nairac étaient les champions toutes catégories du commerce triangulaire local, avec pas moins de 8000 personnes déportées en 28 ans d’activité. Un record dont on se serait bien passé…
Un timing parfait
Le plus savoureux dans cette histoire ? L’association a choisi de publier cette fausse annonce juste avant une audience cruciale qui s’y tiendra le 16 janvier 2025. Ce jour-là, Mémoires & partages plaidera justement devant la Cour pour faire retirer le nom "La Négresse" d’un quartier de Biarritz.
"L’argent de la vente pourra éponger les frais du procès", s’amuse l’association dans son annonce, qui n’a pas manqué de faire réagir la juridiction. Cette dernière a dû publier un communiqué officiel pour confirmer que non, ses locaux n’étaient définitivement pas à vendre !
Un bâtiment qui vaut le détour
Pour ceux qui seraient déçus de ne pas pouvoir acquérir ce petit bijou architectural, sachez que l’hôtel particulier, dessiné par le célèbre Victor Louis (l’architecte du Grand Théâtre de Bordeaux), avait coûté à l’époque 233 000 livres, soit l’équivalent de 2,6 millions d’euros actuels. Une vraie bonne affaire comparée aux 9,7 millions demandés dans l’annonce !
Ironie suprême : c’est dans ce bâtiment construit avec les profits de la traite négrière que sont jugées, depuis le XIXe siècle, toutes les affaires en appel des anciennes colonies françaises comme la Guadeloupe, la Martinique ou la Guyane. Comme quoi, l’Histoire a parfois un drôle de sens de l’humour…
Les membres de l’association se sont même offert une petite mise en scène devant le bâtiment, pancarte "À vendre" à la main. Une action coup de poing qui aura au moins eu le mérite de rappeler que derrière les belles pierres dorées de Bordeaux se cache parfois une histoire beaucoup moins reluisante.
