27 avril 2025
Quand Nessie s'invite à la plage : l'incroyable histoire du "monstre" de Querqueville qui a affolé la France en 1934

Quand Nessie s’invite à la plage : l’incroyable histoire du "monstre" de Querqueville qui a affolé la France en 1934

Salut les curieux de BuzzDuSiecle.com ! Aujourd’hui, je vous emmène 91 ans en arrière, sur une plage normande où s’est déroulée l’une des histoires les plus délicieusement bizarres de notre patrimoine insolite. Préparez-vous à un cocktail de mystère marin, de badauds trop enthousiastes et d’un cadavre puant qui a fait la une des journaux internationaux !

Un réveil matinal plutôt… inhabituel

Imaginez la scène : nous sommes le 28 février 1934, à Querqueville, petite commune côtière près de Cherbourg. Les habitants se réveillent avec une surprise de taille sur leur plage – et quand je dis "de taille", je parle d’environ 8 mètres de long ! Un énorme machin gris-bleuâtre, éventré par les rochers, gît là comme s’il avait décidé que cette plage normande serait son dernier lieu de repos.

Le journal local Cherbourg-Éclair (nom parfaitement adapté pour annoncer ce genre de nouvelles fracassantes) décrit avec un délicieux sens du détail cette "énorme masse rougeâtre" dont "les entrailles, poumons, rognons et péritoine sont étalés sur la plage". Miam-miam ! Qui dit mieux pour votre petit-déjeuner ?

"C’est Nessie qui a pris des vacances en France !"

La première réaction ? Évidemment, il fallait que quelqu’un fasse le lien avec le monstre du Loch Ness ! Le journal se demande même, avec une pointe d’humour très appréciable : "Ce dernier, délaissant les eaux du lac écossais, n’a-t-il pas regagné la mer par un canal souterrain pour venir s’échouer sur la plage de Querqueville ?"

Pour ceux qui ne connaîtraient pas le Loch Ness (sérieusement ?), c’est un lac écossais profond de 230 mètres où, selon la légende, vivrait un monstre préhistorique. Les Écossais l’ont affectueusement surnommé "Nessie", ce qui est quand même plus mignon que "l’énorme masse rougeâtre et nauséabonde de Querqueville".

Un animal aux allures de chimère

Les témoignages concernant cette créature sont absolument fabuleux. L’équipage du remorqueur 117 de la Marine affirme avoir aperçu "une masse se déplaçant rapidement dans l’eau, avec au bout d’un long cou d’environ 80 cm faisant penser à un dromadaire, une tête ressemblant à celle d’un cheval."

Attendez, laissez-moi récapituler : un corps de poisson, un cou de dromadaire et une tête de cheval ? On dirait la description d’un animal faite par un enfant de 4 ans après avoir visité le zoo ! "Et puis il avait une tête comme ça, et des pattes comme ça, et une queue comme çaaaaa !"

Le tourisme macabre s’organise

Comme on pouvait s’y attendre, la nouvelle se répand plus vite qu’une gastro en colonie de vacances. Une foule de curieux se précipite sur la plage pour admirer… eh bien, un cadavre en décomposition qui pue. Classe.

Et là, c’est le festival du grand n’importe quoi : certains essaient de soulever la tête (pourquoi ?), d’autres arrachent des crins de la nageoire (souvenir de vacances original), et un type particulièrement audacieux découpe carrément la queue pour l’emporter chez lui ! J’imagine la conversation avec sa femme : "Chérie, regarde ce que j’ai ramené pour décorer le salon !"

L’odeur est décrite comme "infecte", la matière comme "gélatineuse et nauséabonde". Pourtant, rien n’arrête les curieux. Je me demande si les masques anti-Covid auraient connu un succès commercial anticipé ce jour-là.

La presse en folie

Les journaux parisiens, toujours à l’affût d’une bonne histoire, envoient leurs meilleurs reporters, photographes et même des opérateurs d’actualités cinéma. Le "monstre" de Querqueville fait la une des quotidiens nationaux et étrangers. C’est l’équivalent d’un tweet viral à l’époque, mais en version papier et sans les émojis.

La science entre en scène

Après l’examen initial d’un érudit local (qui ne tire pas de conclusions définitives – merci pour cette contribution décisive), le Muséum d’histoire naturelle de Paris envoie le professeur Petit pour faire des prélèvements.

Pressé par les journalistes, ce dernier déclare : "Nous sommes en présence d’un animal d’une espèce curieuse et dont la présence, en tout cas, n’a jamais été signalée dans nos régions." Traduction scientifique : "J’en sais rien, mais faut bien que je dise un truc."

Pendant ce temps, un spectateur du dépeçage suggère qu’il s’agit "d’un monstre de la préhistoire vivant enfermé dans sa gangue jusqu’au jour où un soulèvement sous-marin l’en fit sortir." Cette théorie, digne d’un scénario de série B, provoque l’hilarité générale. Au moins, quelqu’un gardait son sens de l’humour au milieu de cette puanteur !

Le mystère enfin résolu

Après tout ce cirque médiatique, la conclusion est presque décevante : le "monstre" s’avère être un requin pèlerin. Oui, un simple requin pèlerin. Bon, d’accord, c’est quand même le deuxième plus grand poisson du monde après le requin-baleine, pouvant atteindre 12 mètres de long. Mais quand même, c’est moins excitant que Nessie en vacances sur la côte normande.

Le requin pèlerin, pour info, est un géant totalement inoffensif qui se nourrit de plancton. Rien à voir avec les dents de la mer ! Sa décomposition avancée expliquait son apparence étrange et méconnaissable.

Un phénomène contagieux ?

L’histoire devient encore plus étrange quand on apprend que deux autres "monstres marins" ont été découverts au même moment dans les environs : un à Gréville et un autre à Urville. Le "monstre d’Urville" aurait eu une peau "rugueuse comme celle d’un éléphant, grise avec des pustules blanchâtres."

Était-ce un suicide collectif de requins pèlerins ? Une épidémie ? Un accident maritime ? On ne le saura jamais, car le maire d’Urville a fait enterrer la carcasse sous la plage pour éviter les nuisances olfactives. Décision compréhensible mais frustrante pour les amateurs de mystères marins.

L’héritage du monstre

L’histoire a tellement marqué les esprits qu’Hergé lui-même, le créateur de Tintin, y fait référence dans une aventure de Quick et Flupke publiée en 1935. Pas mal pour un requin en décomposition !

Et comme si le destin avait le sens de l’humour, quelques semaines après l’incident de Querqueville, un chirurgien anglais nommé Kenneth Robert Wilson publie une photo censée montrer le monstre du Loch Ness. Cette photo, devenue célèbre, s’avérera être un canular des années plus tard. Coïncidence ? Je ne crois pas !

La morale de cette histoire ?

Si vous trouvez une masse gélatineuse et puante sur une plage, n’en coupez pas un morceau pour l’emporter chez vous. Appelez plutôt des scientifiques… et investissez dans un bon masque.

Et si vous passez par Querqueville, tendez l’oreille : peut-être entendrez-vous encore les échos des exclamations des badauds de 1934, venus admirer ce qui restera comme l’une des histoires les plus bizarrement fascinantes du patrimoine insolite français.

Alors, qui aurait envie de visiter un musée dédié aux "monstres marins échoués" ? Moi je signe tout de suite, même s’il faut apporter son propre pince-nez !

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